Radio : une meilleure approche communautaire pour promouvoir les vaccins contre la Covid-19

À l’heure où beaucoup de mythes et de désinformations circulent autour des vaccins contre la COVID-19, il serait nécessaire de clarifier les pensées négatives, et même positives des communautés pour une meilleure compréhension de ces vaccins. Et pour cela, la radio communautaire est un moyen d’information rapide et efficace pour évoquer, sensibiliser et convaincre la population sur les avantages de la vaccination anti-COVID-19. Elle touche des milliers de femmes et d’hommes à travers les émissions, les scripts + (théâtre d’une courte durée, environ 1mn ou 1’30 secondes) et les spots. Et jusqu’à preuve du contraire, la radio demeure la voix crédible, écoutée et respectée dans les communautés, surtout celles vulnérables.

L’apport de la radio communautaire

Les émissions radiophoniques diffusent des informations essentielles sur les vaccins et elles contribuent à la préservation de la santé des populations. Elles les aident aussi à débusquer les rumeurs autour de la COVID-19 et de ces vaccins, et favorisent ainsi la confiance des populations aux vaccins.

La radio Fôko de la commune rurale de Pélengana a décidé d’initier plusieurs magazines et spots sur la santé, sur leur fréquence. Des thématiques sur la COVID-19, notamment sur l’importance de la confiance envers les vaccins avec des spécialistes ou experts en la matière de concert avec le Centre de Santé de Référence sont souvent abordés.  « Nous discutons sur plusieurs thématiques, notamment l’importance du vaccin, ses éventuels effets secondaires, les différents types de vaccins, les signes annonciateurs de la COVID-19, mais aussi et surtout, les moyens de protection pour les communautés vulnérables », a expliqué Dioro Cissé, journaliste-animateur de magazine santé sur la radio Fôko.

Eu égard à la pertinence des thèmes abordés et le choix des intervenants, des feedbacks sont reçus par la radio. « Nous constatons un réel changement à travers des questions que nous recevons lors des émissions, des questions assez spécifiques qui nous démontrent l’intérêt des auditeurs (trices) par rapport aux sujets, mais aussi à travers le taux de vaccination à Ségou. Cependant, il reste encore beaucoup à faire par les autorités sanitaires et les médias », témoigne Dioro Cissé. Même si la maladie à Coronavirus est en dents de scie, la radio Fôko continue sa sensibilisation.

Dioro Cissé souhaite l’accompagnement des partenaires pour appuyer les journalistes à réaliser des émissions sur les questions sanitaires les plus fréquentes dans leurs communautés respectives.

La radio Fôko n’est pas la seule dans cette campagne de sensibilisation et de lutte contre la désinformation autour des vaccins. La station Saniya de Sébougou n’est pas restée en marge et s’active aussi en multipliant davantage les campagnes de sensibilisation pour la vaccination anti-Covid-19, afin de favoriser une meilleure compréhension des populations. « Depuis l’avènement de cette maladie, nous avons programmé des créneaux de sensibilisation, d’information de la population sur l’existence de la maladie au niveau communautaire », a indiqué Mamadou Diallo dit Cissé, le Directeur de Programme de la radio Saniya. Et d’ajouter qu’à la suite d’une formation sur la maladie à coronavirus et les rumeurs qui l’entourent, la radio a signé un contrat avec la Direction régionale du Développement social pour une large diffusion des spots et messages radiophoniques sur les rumeurs.

La radio a également été sollicitée par l’Union des Radios et Télévisions Libres du Mali (URTEL) pour l’accompagnement d’une émission dénommée “Grand Public”. Un espace où la parole est donnée à la communauté pour poser des questions liées à la maladie à Coronavirus.

« Nous faisons appel à des experts pour mieux éclairer la population sur les rumeurs autour des vaccins et de la vaccination », a révélé Mamadou Diallo, avant de confirmer que ces initiatives ont porté leurs fruits. Car, elles (émissions) enregistrent toujours la participation massive de la communauté. Beaucoup d’auditeurs ont compris les avantages de la vaccination et ont accepté de se faire vacciner après l’échange avec les invités du jour et après diffusion des spots.

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Des témoignages éloquents

De nombreuses personnes se posent des questions ou sont réticentes vis-à-vis des vaccins. Mais grâce à la radio, des fidèles auditeurs et auditrices témoignent que les émissions radiophoniques les ont aidés, eux et leurs proches à avoir plus d’éclaircissements sur la pandémie, les vaccins anti-COVID-19 ainsi que la désinformation et la méfiance liées à ces vaccins.

Deux ferventes auditrices des deux radios communautaires (Fôko et Saniya) qui n’avaient pas voulu se faire vacciner en raison de la désinformation et des mythes autour des vaccins, ont déclaré que les émissions radiophoniques sur la COVID-19, précisément   sur la confiance en la vaccination, les avaient aidées à recevoir leurs premières doses et à sensibiliser les autres sur l’utilité du vaccin.

L’agricultrice Aminata Coulibaly a décidé de se faire vacciner contre la COVID-19 après avoir écouté une émission de la Radio Fôko.  Fidèle auditrice de ladite station radio depuis des années, elle est confiante que les informations diffusées par cette radio sont vérifiées et bien sourcées, notamment ses émissions sur la COVID-19 et ces vaccins.  « Quand on nous a dit de faire la vaccination en raison des cas déclarés au sein de l’Association des Femmes Agricultrices de Ségou dont je suis la représentante de la commune de Pélengana, j’étais vraiment inquiète, mais je me suis souvenue des messages de sensibilisation diffusés au cours des émissions radiophoniques de la radio Fôko », a rappelé Aminata Coulibaly.

Par ailleurs, elle ne s’est pas seulement contentée de se faire vacciner. En effet, elle a encouragé sa famille et les membres de son association à le faire. Aux dires d’Aminata, après cette émission de sensibilisation et d’information sur les vaccins, elle a fait une restitution de l’émission et beaucoup de personnes de sa localité ont fini par se faire vacciner contre le COVID-19. Tout comme Aminata Coulibaly, Gnélé Diarra une femme rurale écoutait constamment les spots radiophoniques et participait à l’espace “Grand public” de la radio Saniya sur les questions liées à la COVID-19.

En plus de sa participation à l’espace “Grand public” où il y avait l’interaction entre le spécialiste ou l’expert du jour et les participants, Gnélé a été édifiée sur la question des vaccins. Elle expliquera que ses préoccupations qui portaient sur les informations selon lesquelles, les vaccins anti-COVID-19 auraient des conséquences sur les personnes des années après l’injection, ou qu’ils empêcheraient les personnes de travailler pendant une semaine après la vaccination, ou même qu’ils pourraient tuer entre autres, ont été prises en compte. « J’ai décidé de me faire vacciner sans hésitation ni peur. Pour moi la radio est le moyen rapide et fiable à travers laquelle la communauté s’informe », a-t-elle indiqué.

Quelques jours plus tard, après avoir reçu sa dose de vaccin, elle a informé les membres de sa famille et ses amies sur les informations qu’elle avait reçues à travers les spots radiophoniques et l’espace “Grand Public” de la radio Saniya.

La sensibilisation en personne est la norme de référence, mais compte tenu du nombre de la population et la situation qui prévaut, le personnel de santé passe par la radio. Cela, afin d’atteindre toute les communautés urbaines et rurales. D’où des magazines de santé sur la Covid-19 et ses vaccins, des spots, des scripts+ à la radio.

Dr Doumbia Mako Sylla, un personnel du Centre de Santé Communautaire de Sébougou à l’habitude de participer aux émissions radiophoniques ayant trait à la santé. Des thèmes sur les mesures pour se protéger contre cette pandémie et la nécessité de la vaccination sont entre autres abordés.

“Au début, il y avait des polémiques autour des vaccins. Plusieurs personnes n’avaient pas confiance. Mais, à travers les émissions radiophoniques et même au sein du Centre de Santé Communautaire, nous communiquons autour de la pandémie, afin que les gens comprennent la réalité”. Selon notre interlocutrice, plusieurs viennent se faire vacciner.

L’avis du médecin

La radio demeure un moyen efficace pour les communautés de s’informer en temps réel. Elle touche des milliers d’hommes et femmes agriculteurs (trices) vivant dans les zones éloignées. Elle joue un rôle essentiel dans l’établissement d’une communication participative et inclusive. « Nous sensibilisons les communautés à travers trois canaux de communications : la radio communautaire, le Réseau des Communicateurs Traditionnels pour le Développement au Mali RECOTRADE et la télévision. Cependant, ce dernier canal est moins utilisé au sein des communautés rurales.  Nous sensibilisons aussi à travers les mobilisateurs résidents des communes », nous a confié Souleymane Traoré, Directeur technique du Centre de Santé Communautaire de Sébougou.

« Nous utilisons plus la radio pour communiquer, car elle occupe une grande place dans la communauté, surtout à Sébougou. Nous informons et sensibilisons à travers trois radios : Saniya, Benso et Djoliba », a-t-il fait remarquer.  Souleymane exhorte l’approche de la radio pour combattre les mythes autour de cette maladie et les vaccins, et intégrer l’égalité de genre dans les messages.

Les radios, outils de proximité communautaires servent aux communautés des programmes répondant à leurs besoins spécifiques.  Alors, utiliser le pouvoir de la radio pour donner la parole aux populations, surtout celles vulnérables, écouter et comprendre leurs préoccupations, et apporter des informations précises et opportunes à leurs besoins, ne restent-t-ils pas le meilleur moyen de dissiper les mythes et les informations non vérifiées autour des vaccins ?

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Cet article a été réalisé avec l’appui du programme de Bourse de Médias de Internews.