Santé Sexuelle et Reproductive: A. K, une survivante de la Syphilis

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Santé Sexuelle et Reproductive: A. K, une survivante de la Syphilis

Atteinte de la Syphilis à l’âge de 23 ANS, la jeune fille que nous désignerons par ses initiales A.K a accepté de témoigner afin d’alerter sur les symptômes de cette maladie, qui peuvent être très sévères sans traitement et entraîner le décès d’individu.
Crédit photo : Tima Miroshnichenko pour Pexels

La syphilis : définition

Très méconnue par beaucoup de personnes, la syphilis est une infection sexuellement transmissible (IST). Cette « tueuse silencieuse » continue de nuire gravement à la vie sexuelle et reproductive de la femme partout dans le monde et spécifiquement au Mali.

Transmise par la bactérie Tréponème pâle ou Spirochète, la syphilis se manifeste par une éruption cutanée ou plaie au niveau des organes génitaux de la femme ou de l’homme. Non traitée à temps, elle peut augmenter le risque de contracter ou de transmettre d’autres infections dangereuses comme le virus du Sida (VIH).

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Un témoignage éloquent

Au cours d’une rencontre de sensibilisation et d’échange dans un quartier de la Cité des Balanzans sur la santé sexuelle et reproductive des jeunes filles initiée par une Organisation non gouvernementale (ONG). A.K, une jeune fille aujourd’hui âgée de 26 ans que nous avons rencontré a accepté de témoigner sous couvert d’anonymat de l’infection qu’elle a contracté au moment où elle menait une vie sexuelle active avec plusieurs hommes sans protection.

Cette infection, décelée à la suite d’une prise de sang dans un centre de santé de la place n’est autre que la syphilis. Selon les spécialistes de la santé sexuelle et reproductive, la maladie se contracte au cours de relations sexuelles (orales, génitales ou anales) et sa période d’incubation est de 3 semaines.

Crédit photo : Los Muertos Crew pour Pexels

« J’ai contracté la syphilis à l’âge de 23 ans. J’ai découvert ma maladie suite à une consultation chez un gynécologue. Avant de faire un test de dépistage, j’apercevais des boutons sur mon appareil génital. Néanmoins, je n’ai pas prêté attention à ces symptômes, croyant que c’était une allergie de la peau.

« Je n’ai pas prêté attention à ces symptômes, croyant que c’était une allergie de la peau. »

Je continuais mes relations sexuelles avec différents hommes comme d’habitude. Jusqu’au jour où j’ai découvert une plaie à l’intérieur de mon vagin. À partir de cet instant, j’ai commencé à sentir de la fièvre, des maux de tête et d’autres symptômes que je n’arrivais pas à comprendre. Je me suis rendue directement dans un centre de santé de la place pour une consultation. Une fois arrivée sur place, le gynécologue m’a posé un certain nombre de questions notamment sur mes relations sexuelles. En réponse, j’ai indiqué 2 à 3 partenaires sexuels. Le médecin m’a ensuite donné une fiche de prélèvement sanguin afin de visualiser la bactérie au microscope. Le diagnostic révélera plus tard la présence de la syphilis. Une maladie dont j’ignorais totalement l’existence.

« Mon médecin m’a demandé de contacter mes derniers partenaires « 

Selon mon médecin, la syphilis est une ITS. Si elle n’est pas traitée comme il faut et à temps, elle peut engendrer des graves problèmes sur ma santé voir des complications pendant ma grossesse et même ma vie y est menacée. Mon médecin m’a demandé de contacter mes derniers partenaires avec lesquels j’avais eu des rapports sexuels récemment afin qu’ils puissent se faire dépister.

Les résultats ont révélé que tous étaient positifs à la syphilis. En cet instant, j’étais sous le choc parce que j’ignorais qui parmi mes trois partenaires était à l’origine de ma contamination.  Je ne me protégeais pas lors de mes rapports sexuels et je ne fréquentais pas non plus les services de santé sexuelle et reproductive.

Finalement, je me suis ressaisie grâce aux précieux conseils du médecin. Ce dernier m’a prescrit des traitements antibiotiques que je devais suivre régulièrement. À chaque rendez-vous avec mon médecin, je venais voir l’évolution de mon état de santé. Des mois après, j’ai refait le test et le résultat s’est avéré bon. Le traitement réussi, le médecin m’a conseillée tout de même de faire des dépistages au moins 3 fois dans l’année et de prendre des précautions avec mes partenaires.

Crédit photo : AFP

Un an plus tard, je me suis mariée à un homme dont je ne connaissais pas le statut sérologique. Quelques mois après, je suis tombée enceinte. Mais, hélas ! J’ai fait une fausse couche. Trois mois plus tard, c’était une autre interruption spontanée de grossesse. Alors, j’ai conseillé mon mari d’aller voir un médecin ensemble afin de détecter le problème. Il s’est avéré que mon époux avait la syphilis. Pour la seconde fois, je venais de contracter la syphilis. Nous avons suivi le traitement ensemble. Dieu faisant bien les choses, une année après, je suis tombée enceinte et aujourd’hui j’ai une petite fille. Mais j’avoue que cela n’a pas été du tout facile si je n’avais pas fréquenté les services de santé. Cette infection m’a permis de comprendre l’importance de la santé sexuelle et reproductive dans la vie d’une femme.

La syphilis est une infection qui tue à petit feu et endommage sérieusement l’appareil génital de la femme. J’invite mes sœurs qui ont des relations sexuelles de se protéger, d’accepter de se faire dépister pour connaître le genre d’infection qu’elles ont afin d’éviter de contracter la maladie ou de contaminer les autres. Peu importe qu’il s’agisse de leurs partenaires sexuels ou de leur mari.

« La syphilis est une infection qui tue à petit feu et endommage sérieusement l’appareil génital de la femme. »

Rien ne vaut une bonne santé sexuelle et reproductive de la femme. Fréquentons régulièrement nos services de santé pour avoir des informations exactes sur les modes de transmission des IST. », nous témoigne la jeune femme.

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L’avis des spécialistes de la santé Sexuelle et Reproductive

Crédit photo : Laura James pour Pexels

À la suite de ce témoignage, nous sommes allés à la rencontre de Mme Diarra Kadidia Sidibé, sage-femme et spécialiste en santé sexuelle et reproductive à ASDAP-Bamako. D’entrée de jeu, notre interlocutrice nous explique que la syphilis se manifeste par l’apparition d’une lésion ronde unique, de couleur rosée, dure, mais non douloureuse au niveau des organes génitaux externes, sur le gland chez l’homme ou la vulve, le vagin ou le col de l’utérus.  

Les personnes actives sexuellement sont les plus exposées à la syphilis

« La durée et les symptômes des différents stades d’évolution de la syphilis sont très variables d’un individu à l’autre. Ce qui fait que cette maladie est difficile à diagnostiquer. En cas d’absence des signes cliniques chez la personne, le diagnostic repose sur l’interrogatoire et sur un examen sérologique afin de détecter le type d’infection ».

Mme Diarra Kadidia, sage femme et spécialiste en santé sexuelle et reproductive

Faire régulièrement des examens de dépistage

Crédit photo : asdapmali

« Si vous observez un des symptômes de la syphilis, allez faire un test de dépistage »

Dr Diallo, gynécologue

À en croire notre interlocuteur, le dépistage régulier permet de veiller sur sa santé. La syphilis non traitée peut causer plusieurs conséquences dont l’avortement spontané (fausse couche) et des anomalies fœtales, qui peuvent être découvertes tardivement après la naissance. Ainsi, ces deux spécialistes (santé sexuelle et reproductive) ainsi que le gynécologue exhortent tout le monde et spécifiquement les femmes actives sexuellement à fréquenter les services de santé pour leur bien-être et épanouissement.

« Les atteintes ne sont pas spécifiques et peuvent concerner les yeux, les os, les dents, le foie et la peau »

Mme Diarra Kadidia, sage femme et spécialiste en santé sexuelle et reproductive

Selon les médecins, après le traitement, la personne contaminée par les différentes voies de transmission doit passer une deuxième analyse sanguine pour confirmer l’efficacité des antibiotiques et l’élimination de la syphilis. Comme pour toutes les infections sexuellement transmissibles, le préservatif, l’accès à des services de santé sexuelle et reproductive, les dépistages sont les seuls moyens efficaces pour éviter de contracter la syphilis ou d’autres IST.

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Commentaires

Adelaïde Fouejeu Fouebou
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Merci rappeler l'importance des centres de santé. Du courage

Cheick Oumar CISSOKO
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Courage à toi brave dame